Oyez Oyez ! La plupart de mes nouvelles sont rĂ©servĂ©es aux moins de 10 ans ! Ce sont de courts rĂ©cits pleins de bienveillance et de douceur. Il peut m'arriver d'Ă©crire pour "les grandes ... [+] © Short Ădition - Toute reproduction interdite sans autorisation C'Ă©tait au mois de mai, un de ces jours de mai oĂč il fait trĂšs chaud et oĂč les enfants ont envie d'aller Ă la piscine. L'Ăąne et l'Ăąnesse Ă©taient dans leur prĂ©. C'Ă©tait un prĂ© trĂšs agrĂ©able avec un abri pour se mettre au chaud l'hiver, et de grands pommiers pour se mettre Ă l'ombre en Ă©tĂ©. D'ailleurs, quand les pommes tombaient, l'Ăąne et l'Ăąnesse ne se privaient pas de croquer dedans et de se dĂ©lecter de leur jus dĂ©licieux. En cette chaude journĂ©e de mai, l'Ăąnesse allait voir les enfants qui passent le long de la clĂŽture. Elle aimait entendre leurs rires joyeux et leurs petites voix pĂ©tillantes. Elle aimait aussi sentir leurs petites mains si lĂ©gĂšres, qui la chatouillaient au-dessus de son museau. L'Ăąne, quant Ă lui, se reposait sous l'ombre fraĂźche d'un grand pommier. Il Ă©tait couchĂ©, les pattes repliĂ©es sous son ventre, et les branches du pommier dessinaient des rayures d'ombre sur son dos. En voyant ces belles rayures, l'Ăąne se mit Ă penser... Moi je n'ai qu'une seule rayure brune le long de mon dos. Quelle tristesse ! Ma couleur est uniforme, je suis presque invisible dans la nature ! J'aimerais tellement changer de robe et ĂȘtre beau comme... un zĂšbre ! Le zĂšbre lui est unique ! On le reconnait entre mille ! Il est Ă©lĂ©gant avec ses rayures blanches et noires qui lui donnent une allure incomparable. Moi, on me confond sans arrĂȘt ! Parfois, on m'appelle mule, ou mulet, ou bardot, ou mĂȘme cheval ! Mais le zĂšbre, personne ne le confond. Personne ne le nomme Ăąne ou gazelle. MĂȘme son nom est original ZzzzĂšbre. Il n'y avait que le zĂšbre pour porter la derniĂšre lettre de l'alphabet. On ne donne pas des pommes au zĂšbre, on se contente de l'admirer. Si j'Ă©tais un zĂšbre, on se dĂ©placerait du monde entier pour me prendre en photo ! Je pourrais courir Ă travers les plaines africaines et faire des nuages de poussiĂšre. Je pourrais boire l'eau fraĂźche des lacs et vivre avec tout un troupeau d'amis. Oh ! comme je suis triste d'ĂȘtre un Ăąne ! » Les enfants qui se promenaient le long du prĂ© Ă©taient partis gambader un peu plus loin vers les moutons, et certains s'Ă©taient mis Ă faire un bouquet de fleurs. L'Ăąnesse revint prĂšs de son Ăąne, sous l'ombre dĂ©licate du pommier. Elle vit qu'il avait l'air grognon. Pourquoi prends-tu cet air si renfrognĂ© mon Ăąne ? â Parce que j'en ai marre d'ĂȘtre un Ăąne, je voudrais ĂȘtre un zĂšbre ! â Un zĂšbre ? Quelle drĂŽle d'idĂ©e ! Ătre chassĂ© toute la journĂ©e par les lionnes, les guĂ©pards, les hyĂšnes, les humains et leurs fusils. Ătre toujours aux aguets. Devoir parcourir des kilomĂštres pour trouver un peu d'herbe Ă partager, parfois, sans avoir d'eau, ni d'ombre. Mon pauvre Ăąne, c'est une vie trop dangereuse, nous sommes bien plus tranquilles ici. Mais, c'est vrai que tu serais joli avec des rayures », dit-elle avec un clin d'Ćil.
15OralitĂ© et lien social au Moyen Ăge (Occident, Byzance, Islam). Parole donnĂ©e, foi jurĂ©e, serment, ; 16 Jacques T. Godbout et Alain CaillĂ©, LâEsprit du don, Paris, La DĂ©couverte, coll. « Textes Ă lâappui ; 17 Foucher de Chartres, Historia Iherosololymitana. Gesta Francorum Iherusalem Peregrinantium, dans Re ; 4 Les mots sont la premiĂšre chose qui circule. INTERVIEW - Julie Neveux, maĂźtresse de ConfĂ©rences en linguistique Ă la Sorbonne, publie une enquĂȘte passionnante sur la langue française du XXIe y a un peu plus de deux dĂ©cennies, la souris qualifiait seulement lâanimal aux petites oreilles. Ouvrir une fenĂȘtre», copier», coller» avaient des dĂ©finitions trĂšs strictes. DĂ©sormais, et depuis lâavĂšnement du numĂ©rique, ils ont chacun une signification dans le monde informatique. Comme eux, nombre de mots ont changĂ© de sens et acceptĂ© de nouvelles rĂ©alitĂ©s. Pour dĂ©crire les rĂ©volutions sociales, politiques et technologiques la langue française sâest faite leur temps de Facebook, on a commencĂ© Ă parler de like», puis avec celui de Twitter, de hashtag». Chaque Ă©poque a son lexique. Mais que disent les mots de nous? Sont-ils si innocents? Julie Neveux, maĂźtresse de ConfĂ©rences en linguistique Ă la Sorbonne et dramaturge, publie Je parle comme je suis Grasset, une mordante enquĂȘte linguistique sur le XXIe siĂšcle. Un essai fascinant qui Ă©claire avec acuitĂ© le vocabulaire de notre FIGARO. - Vous ouvrez votre livre avec cette pensĂ©e Je parle ma langue et ma langue me parle.» Cela fait penser Ă la phrase de Char Les mots savent des choses de nous que nous ignorons dâeux.» On peut le comprendre ainsi, les mots disent dâoĂč nous venons et qui nous sommes. Aurelie JacquesJulie NEVEUX. - Câest exactement cela. Il y a aussi cette phrase de Leibniz qui rĂ©sonne avec cette pensĂ©e La langue est le meilleur miroir de lâentendement humain.» Jâessaye avec ce livre de dire que les mots sont riches dâune histoire et dâune culture dont nous sommes trĂšs largement inconscients, et que notre façon de parler, malgrĂ© nous, nous inscrit dans un espace-temps trĂšs spĂ©cifique. Lorsque jâexplique Ă mes Ă©tudiants les mĂ©taphores utilisĂ©es par Shakespeare, je passe dâabord du temps Ă expliquer des pratiques populaires Ă lâĂ©poque, comme les combats sanglants de chiens et dâours, dont les images alimentent les lamentations amoureuses dâun personnage comme Orsino dans La Nuit des Rois.» LIRE AUSSI - FrĂ©dĂ©ric Pennel Le français devient une langue de contre-pouvoir»Câest pourquoi vous dites plus loin Quand on parle, on ne parle pas tout seul mais avec son temps.»Oui, pensons aux tics de langage. Je suis fascinĂ©e par cette façon quâon a tous de se rĂ©pĂ©ter les uns les autres sans sâen apercevoir. Parfois une expression fait son chemin en quelques jours et on ignore comment nous avons fini par lâadopter. Il y a une inscription mimĂ©tique dans un milieu socioculturel qui est trĂšs forte et qui se rĂ©pand et se partage de plus en plus vite avec les rĂ©seaux sociaux. Les images, les mĂ©taphores, le lexique parlent de notre Ă©poque, câest un fait. Câest ce qui nous permet de nous comprendre. La langue française est inscrite dans la Constitution. La rĂ©action de dĂ©fense de la langue française a donc Ă voir avec une recherche dâidentitĂ© » Le français cristallise les passions. Comment expliquez-vous le besoin d'avoir une langue normative?Il y a en effet une tentation de normativitĂ©. Il me semble que câest une tendance trĂšs naturelle de lâĂȘtre humain que celle de penser que son langage est le meilleur et le plus beau - mĂȘme si postuler une esthĂ©tique dâune langue belle est une aberration. De plus, il est naturel pour lâHomme de penser que tout changement, toute altĂ©ration, tout import dâun nouveau mot le menace. La langue française est inscrite dans la Constitution. La rĂ©action de dĂ©fense de la langue française a donc Ă voir avec une recherche dâidentitĂ©. Câest une rĂ©action normale, mais il est important de la comprendre. Elle repose sur une fausse impression dâĂ©vidence. On pense que nos mots sont les seuls Ă pouvoir exactement dĂ©signer telle ou telle chose alors quâil en existe mille autres. On a du mal Ă voir ce que pourraient apporter dâautres mots parce quâon ne les connaĂźt pas. Apprendre lâorigine et lâhistoire de certains mots permet justement de relativiser sur son Ă©poque, de sâextraire des passions et des jugements, de se rappeler quâils sont souvent imprĂ©gnĂ©s de cultures diffĂ©rentes. Et aprĂšs, dâĂȘtre libre de choisir dâemployer tel ou tel mot, en connaissance de raison de penser que la langue française est menacĂ©e?Au QuĂ©bec, il y a un fort besoin dâidentitĂ© Ă travers le langage parce quâil est menacĂ©, entourĂ© par une grande majoritĂ© anglophone. DĂ©fendre la langue, câest donc, pour les francophones du Canada, dĂ©fendre une valeur culturelle commune. Pour exister il faut parler français. Nous, en France, nous ne sommes pas menacĂ©s. Il faut arrĂȘter dâavoir peur des anglicismes et relativiser, en remettant lâhistoire des Ă©changes franco-anglais Ă une Ă©chelle plus large que notre Ă©poque. Certes, les anglicismes et les californismes» comme le dit trĂšs bien Alain Rey, sont devenus plus visibles depuis lâavĂšnement de la start-up nation. Le modĂšle social et entrepreneurial sâexporte chez nous. Mais, rappelons-nous que lors de lâinvasion anglo-normande, le français a envahi lâanglais de façon massive. Et aujourdâhui, prĂšs de la moitiĂ© du lexique anglais est composĂ©e de mots dâorigine française. Les Ă©changes entre les langues sont permanents. Câest du ping-pong. Bien sĂ»r, ces Ă©changes trahissent la domination dâune culture sur une autre. Cela Ă©tant, il est difficile de rĂ©sister si le mot accompagne une pratique. On peut dĂ©plorer que le modĂšle de la Silicon Valley soit devenu si prĂ©sent en France, mais câest le cas, donc les mots viennent avec.Ces Ă©changes trahissent la domination dâune culture sur une autre», expliquez-vous. Est-ce Ă dire que la langue française soit devenue pauvre au contraire de lâanglais, si prolifique?Au contraire! Elle est capable de sâenrichir. Une langue qui sâappauvrit, câest une langue qui a de moins en moins de lexique or, ici elle sâenrichit dâautres cultures. Il se trouve quâen ce moment, câest lâanglais qui nous abreuve. Dans les annĂ©es 1980, il y avait des mots italiens et demain, peut-ĂȘtre quâon aura une vague de mots japonais. Dans cinquante ans, on sâaffligera alors peut-ĂȘtre de cette nouvelle invasion». La langue française est vivante. Elle est riche. Une langue pauvre serait aussi celle dont on nâemprunterait aucun mot. Or, nous envoyons nombre de mots Ă lâĂ©tranger! Il y a un phĂ©nomĂšne dâimport-export. On a pris conscience que les mots pouvaient mentir. LâĂ©cart a Ă©tĂ© creusĂ© entre le mot et la rĂ©alitĂ© » Climatosceptique», selfie», fakenews», genré»⊠Les mots que vous avez choisis sont le miroir de notre Ă©poque. Que disent-ils de nous?En ayant travaillĂ© sur le mot selfie» et tout ce lexique qui fait la promotion de soi, il me semble quâils trahissent notre besoin dâexister dans le regard de lâautre. Il y a une recherche de sociabilitĂ© exacerbĂ©e qui nous Ă©loigne en fait dâun type de sociĂ©tĂ© individualiste. Le succĂšs du mot fakenews» est par ailleurs trĂšs intĂ©ressant. Selon moi, il dĂ©crit bien notre Ă©poque car nous nâavons jamais Ă©tĂ© aussi critiques et pleins de doutes sur ce quâil faut croire et qui croire. On nâa jamais eu autant accĂšs aux informations et on ne sait plus dĂ©mĂȘler le vrai du faux. Depuis quâon a compris que les gouvernants peuvent donner une vision dĂ©formĂ©e de la rĂ©alitĂ©, il y a une mĂ©fiance qui sâest installĂ©e vis-Ă -vis de toute forme dâautoritĂ©. On a pris conscience que les mots pouvaient mentir. LâĂ©cart a Ă©tĂ© creusĂ© entre le mot et la rĂ©alitĂ©. Le mot nâest plus dans la reprĂ©sentation dâune rĂ©alitĂ© mais potentiellement dans sa dĂ©formation. On se met donc Ă prĂ©sent Ă vĂ©rifier le sens des mots.» LIRE AUSSI - Nous nâavons jamais autant Ă©crit Ă travers lâhistoire de lâhumanité»Les mots reflĂštent notre esclavage aux puissants outils de la glorieuse technologie», Ă©crivez-vous. Comment cela se traduit-il dans la langue?La langue a imprimĂ© notre dĂ©pendance aux outils informatiques, elle porte la trace du fait que lâhomme se reprĂ©sente, conçoit sa propre pensĂ©e, son logiciel», par rapport au modĂšle de lâordinateur. Cela se constate dans diverses expressions en mode», connecté», bug»⊠Il ne faut pas sâinquiĂ©ter de ces mots, il faut encore une fois les analyser. La langue reflĂšte notre tentation de nous penser comme des machines. Câest Ă mon sens ridicule. Nous avons rĂȘvĂ© de devenir des robots. Les mots sont donc tĂ©moins de cette explosion technologique. Ce nâest pas la premiĂšre fois quâune rĂ©volution scientifique donne naissance Ă de nouvelles pratiques linguistiques. Avec lâinvention de lâimprimerie, les gens ont eu accĂšs aux livres et notamment Ă la Bible. Cela a rendu possible un rapport direct aux mots Ă©crits, Ă la parole de Dieu, qui sâest dĂ©mocratisĂ©e, et des remises en question religieuses sont devenues possibles. CâĂ©tait phĂ©nomĂ©nal. Toutes les rĂ©volutions sont Ă lâorigine de nouveaux mots ou de nouveaux emplois. Avec les Grandes DĂ©couvertes, il y a eu lâarrivĂ©e de mots autour de lâalimentation, des lĂ©gumes et des fruits, comme la tomate, le maĂŻs, la goyave. La RĂ©volution française, elle, a amenĂ© un vocabulaire du droit, et imposĂ© une nouvelle façon de sâexprimer entre citoyens». Le tu» est devenu de rigueur. Donner un nom Ă un groupe satisfait le besoin dâexister Ă lâintĂ©rieur de ce groupe et de reconnaĂźtre qui y appartient et qui nây appartient pas. Câest une quĂȘte dâinclusion mais aussi dâexclusion » Les puissants outils de la glorieuse technologie», ce sont aussi les rĂ©seaux sociaux. Pensez-vous que, depuis leur crĂ©ation, nous nâavons jamais autant Ă©crit notre langue?Tout Ă fait. Nous nâavons jamais autant Ă©crit comme nous parlons Ă lâoral. La distinction entre le langage Ă©crit et oral est de plus en plus poreuse. Avant lâarrivĂ©e des sms, on passait des heures au tĂ©lĂ©phone. LâoralitĂ© Ă distance Ă©tait rendue possible grĂące Ă cet outil. Mais aujourdâhui, on ne se parle presque plus au tĂ©lĂ©phone, donc lâoralitĂ© se rĂ©fugie dans une sorte de simili Ă©crit, simili oral. Cela donne naissance aux Ă©mojis. On a besoin dâentendre les inflexions. Le corps manquant est introduit dans la communication de cette façon, entre lâĂ©crit et lâ aussi parce quâon ne fait plus assez confiance au langage pour dire ce que lâon ressent?LâarrivĂ©e de ces images qui expriment des sentiments est une micro-rĂ©volution. Une fois quâon a pris goĂ»t Ă leur utilisation, il est difficile de revenir en arriĂšre. Ces messages nourris dâĂ©mojis sont devenus la norme. Ce sont maintenant les textos sans visuels qui paraissent vides. On perd lâhabitude dâĂ©crire sans images et il faut faire attention. Cela Ă©tant, je ne pense pas que des conversations intĂ©gralement faites de smiley pourront un jour arriver. Ce serait un langage bien trop pauvre. Un mot peut faire rĂ©fĂ©rence Ă plus ou moins de choses, câest ce quâon appelle lâextension en linguistique. Or, le symbole cĆur» a une extension trop large. Plus le signe est large moins il peut sâadapter Ă une situation particuliĂšre. Un cĆur» peut signifier bisou», amitié», amour», merci», etc. Le gif, mĂȘme sâil est drĂŽle, nâest pas plus satisfaisant. Il reflĂšte souvent un dĂ©calage entre ce qui est envoyĂ© et la rĂ©alitĂ©. Par exemple lorsquâune personne envoie un gif de personne applaudissant, elle est rarement en train dâapplaudir elle-mĂȘme sur sa chaise. Tous ces outils sont amusants mais ils ne remplaceront jamais la langue française. Seuls les mots peuvent dire la complexitĂ© du monde. Nous sommes appelĂ©s Ă prendre position. Câest une injonction. Il faut toujours avoir une opinion. Il faut donc tout identifier. Câest rassurant de tout Ă©tiqueter, de casser la part dâĂ©trangetĂ© » Vous parlez de mots pour dĂ©crire des situations particuliĂšres. Cela se traduit par un besoin croissant de tout Ă©tiqueter notamment lorsquâil est question de lâidentitĂ©. Vous citez les termes cisgenre», intersectionnalité», non-binaire»âŠMaintenant que les minoritĂ©s ont enfin la possibilitĂ© de devenir visibles, on se met Ă en parler et Ă leur parler. Elles ont donc besoin dâun nom pour exister. On le sait, ce qui ne se dit pas, nâexiste pas. Le mot fĂ©minicide» permet de dire la spĂ©cificitĂ© de ce type de crime, par diffĂ©rence avec les homicides. Les noms sont créés pour restaurer un Ă©quilibre. Pourquoi certains parlent de cisgenre»? Peut-ĂȘtre pour que le mot transgenre» ne soit pas stigmatisant, pour normaliser la possibilitĂ© de rester, ou non, dans le genre que la biologie nous a assignĂ©. Donner un nom Ă un groupe satisfait le besoin dâexister Ă lâintĂ©rieur de ce groupe et de reconnaĂźtre qui y appartient et qui nây appartient pas. Câest une quĂȘte de lĂ©gitimitĂ©, dâinclusion mais aussi dâexclusion, car certaines personnes prĂ©fĂšrent ne pas se dĂ©finir ainsi. Le polyamour», par exemple, est une Ă©tiquette qui permet de se rĂ©approprier une certaine forme de romantisme mais Ă lâaune de pratiques libĂ©rales. Ceux qui le pratiquent et le revendiquent refusent ainsi dâĂȘtre jugĂ©s au regard des normes bourgeoises et monogames. Ils veulent une autre norme et la crĂ©ent. Le besoin dâĂ©tiqueter, comme dans les mots-diĂšses, les hashtags, est Ă©galement liĂ© Ă la communication en continu. Nous sommes appelĂ©s Ă nous exprimer, Ă prendre position. Câest une injonction. On attend de nous de savoir ce quâon pense. Il faut toujours avoir une opinion. Il faut donc tout identifier. Câest rassurant de tout Ă©tiqueter, de casser la part dâ Ă©tant, si lâon oblige Ă dire, on empĂȘche aussi de dire. Certains mots parlent dâeux-mĂȘmes et ne peuvent plus ĂȘtre prononcĂ©s, sans porter des couleurs politiques. Pensez-vous que le politiquement correct soit triomphant?On est beaucoup dans la crainte dâoffenser. On a compris que le langage pouvait ĂȘtre discriminant, et que certaines expressions, comme celles autour du mot sauvage», dont lâensauvagement», vĂ©hiculent, selon moi, une pensĂ©e de type colonial et transmettent un mĂ©pris pour une catĂ©gorie de personnes jugĂ©es infĂ©rieures. Donc on fait plus attention, oui. Câest un progrĂšs social certain, cette sensibilitĂ© linguistique Ă lâhistoire de nos rapports aux minoritĂ©s, et donc Ă lâhistoire que portent certains mots, mĂȘme si elle peut sembler parfois excessive, câest vrai. Mais cet excĂšs compense un peu la souffrance que certains groupes de dominĂ©s ont pu et peuvent encore ressentir. Tout ça sâĂ©quilibrera sans doute un jour. On voit bien dans ces exemples que lâenjeu nâest pas tant linguistique que somme votre livre fait le portrait du locuteur français de 2020. Ă quoi ressemble-t-il?Il essaye de bien faire et de ne pas offenser dans le langage. Il prend des prĂ©cautions mĂȘme si sur les rĂ©seaux sociaux, il prend des postures quâil nâassumerait peut-ĂȘtre pas sâil Ă©tait face Ă ses interlocuteurs. Il veut ĂȘtre un acteur de la sociĂ©tĂ©. Il sâengage dans son image, dans ses idĂ©es. Il essaye sĂ»rement dâĂȘtre cohĂ©rent dans ce quâil affiche. Il est aussi plein de tics de langage mais il est plein de bonne volontĂ©. Il est trĂšs attachĂ© Ă sa langue, parce quâil pense parfois quâon va lui nuire, mais il veut bien parler. MĂȘme sâil attrape tous les nouveaux mots dâaujourdâhui. Il nâest pas rĂ©ac, mais rĂ©actif! Coursde français et activitĂ©s d' Ă©criture . Un livre n'a pas pour principal objectif d'ĂȘtre lu comme un traitĂ© de morale mais la tentation est grande d'y chercher des valeurs morales; C'est pourquoi il importe de bien dĂ©finir le mot morale dans son usage appliquĂ© Ă l'oeuvre littĂ©raire . On peut d'abord distinguer , un premier plan, l'observation des moeurs : Ătravers mots Livre unique de Français 4e 2002 Manuel de l'Ă©lĂšve, Carmignani Francoise, Jean-Pierre Bentaberry, Sylvie Lemler, Bordas. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de rĂ©duction .MeilleuresPĂ©riodes : Juin, Juillet, AoĂ»t, et Septembre. RandonnĂ©e Ă travers les Bauges : 5 jours en traversĂ©e facilement accessible en transport en commun. Depuis Quintal Vieugy direction Saint-Pierre d'Albigny par de belles forĂȘts automnales, des crĂȘtes sauvages et des villages ruraux. RĂ©cit et trace GPS en tĂ©lĂ©chargement.